Mais ils sont très bons pour l’économie de la boxe. En effet, un constat s’impose : la boxe traditionnelle s’essouffle. Les boxeurs ne savent pas communiquer, et aujourd’hui le business modèle est simple: ou tu es présent sur les réseaux sociaux, ou tu n’existes pas, car ce ne sont pas les médias “Mainstream” qui vont te donner de la lumière, leur intérêt sont sur les grandes organisations et les athlètes sous contrat, sans accorder d’importance aux boxeurs indépendants, même les plus talentueux. Peu importe tes qualités de boxeur ou la grandeur de ton potentiel, ces plateformes ne mettent en lumière que ce qui sert leurs propres intérêts.
Pour éviter cela, il est crucial de construire ta propre audience, de maîtriser ton image
Certains ont eu une recette qui a marché un moment: mais faire le voyou dans les interviews, faire des teintures roses pour se démarquer et les entrées sur le ring digne de films à gros budget ont leurs limites.
Le public, lui, en veut plus. Il veut du spectacle, de la nouveauté, et surtout, des histoires qui captivent. Et c’est précisément ce que des boxeurs comme Jake Paul et autres youtubeurs apportent. Ils redéfinissent les codes et, qu’on les aime ou pas, ils génèrent une attention que la boxe n’avait pas vue depuis des années.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : diffusé sur Netflix, l’événement a généré plus de 1,2 million de vues en seulement 24 heures, un pic qui est allé jusqu’à 65 millions de téléspectateurs avec un revenu estimé à plus de 30 millions de dollars (les chiffres officiels n’ont pas été encore annoncés). L’événement n’a pas suivi le modèle classique du pay-per-view. Toutefois, il a été estimé que la plateforme aurait déboursé un montant conséquent pour les droits exclusifs de diffusion, augmentant également ses abonnements. À titre de comparaison, les combats précédents de Jake Paul diffusés en PPV, comme contre Tyron Woodley ou Tommy Fury, ont généré entre 25 et 40 millions de dollars de revenus.
Ce n’est plus simplement un combat, c’est un phénomène culturel, un croisement entre sport, divertissement et influence. Et ce genre d’événement a une portée bien au-delà du ring.
Un public élargi, une économie florissante
Les puristes diront que ces combats dénaturent l’essence même de la boxe, et ils n’ont pas tort. Mais si la boxe professionnelle veut survivre, elle doit s’adapter à une nouvelle réalité économique. Des figures comme Jake Paul, Logan Paul ou KSI attirent une jeune audience, souvent éloignée des traditions de la boxe. Ce sont des fans qui viennent non pas pour le noble art, mais pour le spectacle. Et cette audience consomme : billets d’entrée, abonnements, produits dérivés. Résultat : ce sont des millions de dollars qui entrent dans l’économie du sport, permettant aux boxeurs de haut niveau comme aux promoteurs d’en bénéficier.
En 2023, Jake Paul a généré plus de 65 millions de dollars avec ses combats, devançant des noms prestigieux comme Canelo Alvarez ou Gervonta Davis. Plus impressionnant encore, près de 40 % des spectateurs de ses combats n’avaient jamais regardé de boxe auparavant. Ce chiffre est une bénédiction déguisée pour une discipline qui lutte pour renouveler son audience.
Les risques pour le futur de la boxe
Cependant, si ces combats de youtubeurs dynamisent l’économie, ils posent un risque réel pour la crédibilité sportive de la boxe. En mettant en avant des personnalités plus que des talents, le sport pourrait perdre son essence. Le danger est que ces événements deviennent l’image principale de la boxe, reléguant au second plan les véritables champions, ceux qui ont consacré leur vie à maîtriser l’art du combat.
De plus, ces shows risquent d’étouffer la montée des jeunes talents. Les promoteurs privilégient les célébrités capables de vendre des tickets et de générer des clics, plutôt que de miser sur des boxeurs prometteurs. Les futurs champions risquent de se retrouver sans visibilité ni opportunité, faute de “buzz”.
Le compromis nécessaire
Alors, les combats de youtubeurs sont-ils bons ou mauvais pour la boxe ? La vérité se situe probablement entre les deux. Ils offrent un souffle financier vital et une visibilité que le sport n’a pas connue depuis des années. Mais ils ne doivent pas devenir l’alpha et l’oméga de la discipline.
Pour équilibrer cette tendance, il est crucial que les instances de la boxe utilisent ces gains pour investir dans la formation et la promotion des boxeurs traditionnels. Les champions du futur ont besoin d’une scène où ils peuvent briller et attirer un public qui respecte leur art. La coexistence entre le spectacle des youtubeurs et la tradition de la boxe peut devenir une force si elle est bien gérée.
Conclusion : un mal nécessaire pour un bien ?
Le combat Jake Paul vs Mike Tyson n’est peut-être pas l’idéal pour les puristes, mais il est un symptôme de l’évolution inévitable du sport. Tant que cette transformation est utilisée pour bâtir un avenir où le divertissement et le talent peuvent coexister, la boxe peut non seulement survivre, mais prospérer.
En attendant, que l’on applaudisse ou non ces combats, une chose est sûre : les youtubeurs ont ramené la boxe sur le devant de la scène. À nous de décider ce que nous en faisons.
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